Durant cette période de confinement-déconfinement, plus d’un mois maintenant, J’entendais des directeurs signaler l’inquiétude croissante dans les équipes.

Inquiétudes pour les jeunes qu’elles accompagnent, crainte de les infecter, crainte d’être infectées à leur tour et d’infecter leurs familles. Une charge émotionnelle cachée derrière l’urgence du don de sa personne dans cette caisse de résonnance de l’abandon qu’engendre le confinement.

 

L’organisation du temps de travail shunte les temps de réunion d’équipe, les circulaires affichées, venant des autorités, ne permettent pas d’être opérationnalisées dans un temps de travail d’équipe dans lequel un effet de réassurance pourrait être distillé.

Dans un climat de peur et de méfiance, s’immisce un sentiment d’être piloté dans l’opérationnalisation des directives par les cadres. Un processus qui met à mal l’exercice de la démocratie du service que nous connaissons habituellement et que nous savons correspondre à une réorganisation qui répond à la crise. Nous y entrons bien volontiers comme toute la population est entrée dans le confinement sous bonne garde des autorités.

La peur atténue l’esprit critique, les devoirs de préserver l’autre, de nous préserver, nous poussent à entrer dans un nouveau système. La rapidité de la dispersion du virus fait le reste.

Tout cela pour mettre en évidence la perte de ce travail « en chambre » auquel participent nos équipes de façon hebdomadaire quand elles vont bien. Des lieux, des temps de bavardages qui permettent souvent informellement de se départir des craintes, inquiétudes et questions liées à l’accompagnement des jeunes.

On le sait, cette urgence que l’on espérait brève, quelques semaines tout au plus, nous conduira à septembre et même plus sans doute. Seuls, traitements et vaccins pourraient modifier le cours des évènements.

Notre créativité doit se mettre au service de ce nécessaire bavardage dans l’interdisciplinarité et dans la hiérarchie des rôles et fonctions pour que cette fonction de métabolisation des émotions, souvent non dites, puisse à nouveau répondre à cette nécessaire recherche de réassurance des bruits de couloirs et des temps de réunions institutionnelles et de synthèses.

Les cadres s’en sortent par des réunions zoom, teams… mais d’autres moyens doivent s’instituer pour permettre l’exercice du bavardage.

Dans débriefer pour soigner https://lucfouarge.com/2020/03/25/debriefer-pour-soigner/,

J’abordais cette urgence à compenser cette diminution des rencontres dont la fonction « soignante », tant pour les professionnels que pour les jeunes, est indispensable.

Cette préoccupation étayera nos équipes en leurs apportant la reconnaissance à la sur-sollicitation émotionnelle qu’elles endurent aujourd’hui.  Luc Fouarge